vendredi 24 décembre 2021

Gustave
Gustave, les yeux fermés, laissait Juliette accomplir l’active bonne action hebdomadaire. Bah ! Depuis longtemps le désir avait quitté son corps et les petits doigts boudinés de Juliette, malgré ses efforts, n’arrivaient pas à faire frémir le vieil oiseau.Seulement, avec l’âge, la sagesse aidant, il avait laissé la brave vieille effectuer le massage érotique, plus par gentillesse pour elle, que par un profond appétit sexuel. « Cela ne mange pas de pain » se disait-il, c’était comme la crème aux œufs de Marcelle, quelques douceurs n’ont jamais tué personne… Enfin le croyait-il ! Surtout qu’un soir de fête où Juliette était un peu pompette, il avait eu connaissance de son ancien métier. Les joues rouges, elle lui avait révélé son secret. Gustave en avait été ému, depuis il n’avait jamais divulgué à quiconque ce passé divinement sulfureux. Lui aussi gardait au fond de son cœur quelques mystères comme celui d’avoir changé de nom quand il avait quitté la Légion étrangère. Labit, son véritable nom, grâce à la chancellerie de Paris, fut changé en Labat, comme quoi, juste une voyelle peut améliorer les sarcasmes du quotidien. Il se souvenait de temps à autre de ce passé de légionnaire où, sous la mitraille, en Algérie, il avait sauvé héroïquement plusieurs fois Roger, un de ses camarades, ajoutant à son palmarès des décorations une médaille supplémentaire. Le souvenir le plus douloureux était celui où, par un matin pluvieux, il avait quitté compagne et enfants, ne pouvant plus supporter la routine familiale. Cette compagne qui sans cesse lui parlait de voyages, d’îles lointaines, de sable chaud, de palmiers. Il n’en pouvait plus, ses moyens plus que modestes le complexait, alors pour avoir la paix, il promettait monts et merveilles sans jamais en réaliser un seul. Summum de la douleur, il ne pouvait plus accepter cette fillette, Marinette qui, paraplégique, lui rappelait sa propre mère, légère handicapée mentale. Toute son enfance fut marquée par les grimaces de cette maman à la limite du ridicule, les remarques désobligeantes de ses camarades qui avaient des mamans bien propres à la sortie des classes. Parfois, honteux il faisait semblant de ne pas la voir attendant sur le trottoir, vite il fuyait en douce. Cela le rongeait, le culpabilisait atrocement, persuadé qu’il était pour sa fille le transmetteur génétique, alors par un fameux matin pluvieux, il s’enfuit. Quand il revint deux ans plus tard, torturé par le remord, toute la famille, lui dit-on, avait déménagé. Lâchement, il ne fit aucun effort pour poursuivre des recherches. - Ça te va Gustave ? demanda Juliette de sa voix fluette. - Oui ma belle, continue. - Puisque vous me le demandez si gentiment. Il n’avait jamais rien demandé… Mais bon, le pli était pris ! Et puis chaque jour il avait cette Marcelle qui l’obligeait à ingurgiter cette crème caramel aux œufs. Entre Marcelle et Juliette la fatigue l’envahissait de plus en plus. Les doigts boudinés d’un côté, la crème de l’autre, c’était sans fin, trop c’est trop. Une nuit, le directeur, monsieur Paul, fut averti par l’infirmière de garde qu’un dénommé Gustave avait fait un malaise, il délégua son fils Pierre pour les papiers d’usages. On enterra Gustave Labat quelques jours plus tard. Juliette et Marcelle sur le chemin du cimetière eurent de sincères grosses larmes. M.T Fin

2 commentaires:

  1. Sex-conte de Noël !!
    Çà va Mitch? trop fait de folies au réveillon ?
    .

    RépondreSupprimer
  2. Hélas non ma chère Manouche, car la "bête" n'est pas au mieux de sa forme.
    Les chers amis qui m'invitent demeurent assez loin et comme ces soirées finissent tard, dans la nuit, conduire en bonne sécurité pour revenir,ce n'est plus pour mon âge avancé ;-<
    J'en profite pour, en avance te souhaiter une bonne fin d'année et une nouvelle des plus satisfaisante. Bises et à plus.

    RépondreSupprimer